Concours YAC, Light house Lodges, Syracuse

La grandeur d’un bâtiment, c’est tout le souvenir que portent ses murs et que leurs ruines mélancoliques évoquent au visiteur du présent. Peut-être est-ce ainsi que l’on pourrait expliquer ce qu’écrit Ruskin dans le chapitre VI des Sept lampes de l’Architecture, « La lampe du souvenir » :

« Quand nous construisons, ayons à l’esprit que nous construisons pour toujours. […] Car la plus grande gloire d’un édifice ne réside pas dans ses pierres, ni dans son or, mais dans son Age. »

Voilà le point de départ de notre réflexion. Il s’agit pour nous de dépasser l’usage immédiat du programme, et englober la Vie du bâtiment de la conception à la ruine. Pour cela, un matériau : la pierre de taille. Une pierre friable qui n’est pas seulement lavée « par les vagues successives et continuelles de l’humanité » dont parle Ruskin, mais surtout par celles moins métaphoriques de l’océan, qui lui donneront un jour la patine de l’existant.

Le programme : un centre de retraite artistique. Tout s’articule autour du phare. D’un côté, une bibliothèque, une salle d’exposition, un cinéma/théâtre, accueillent l’artiste qui arrive de la ville. De l’autre, une fois le phare dépassé, des pavillons correspondant aux 7 Arts lui proposent des ateliers de création en fonction de sa spécialité, ainsi que des espaces de repos.

Chaque pavillon a son identité propre, caractérisée entre autres par la dimension de l’Atelier, le nombre de chambres qu’il renferme et la forme de ses ouvertures qui parle de l’activité artistique qui s’y développe.
Nous proposons un système de construction expérimental qui suit une tradition de construction en pierres, sûrement engagée depuis l’édification du fameux théâtre de Syracuse. Nous l’avons dit plus haut : l’existence d’un bâtiment ne se réduit pas à sa destination, elle est un tout, de la conception jusqu’à son délabrement. Ainsi, si l’utilisation de cette pierre peut avoir un certain prix, son usage sur le long terme est plus économique puisqu’il s’agit aux usagers, non pas de la restaurer complètement au bout d’un certain nombre d’années comme il arrive souvent pour des monuments architecturaux, mais bien au contraire d’accompagner petit à petit sa désagrégation. Le site est premier par rapport au projet ; c’est lui qui doit lui dicter les conditions de son existence. Et si nous avons à l’esprit que « nous construisons pour toujours », nous savons aussi que la Nature gagne et que la ruine est l’avenir de l’édifice.